L’histoire de JosĂ© Rizal, hĂ©ros incontournable des Philippines, symbole de la lutte contre les espagnols

par Jeremy
Publié : Dernière mise à jour : 1 commentaire 2,9K lectures

JosĂ© Rizal, le hĂ©ros national des Philippines, n’est pas seulement admirĂ© pour son intelligence, mais aussi pour avoir pris position et rĂ©sistĂ© au gouvernement colonial espagnol. Si sa mort a dĂ©clenchĂ© une rĂ©volution pour renverser la tyrannie, on se souviendra toujours de Rizal pour sa compassion envers le peuple philippin et le pays.

Des débuts modestes

JosĂ© Protasio Rizal Mercado Y Alonso Realonda est nĂ© le 19 juin 1861 de Francisco Mercado et Teodora Alonzo dans la ville de Calamba, dans la province de Laguna. Il avait neuf sĹ“urs et un frère. Ă€ l’âge de trois ans, le futur leader politique avait dĂ©jĂ  appris l’alphabet anglais. Et, Ă  l’âge de cinq ans, JosĂ© savait dĂ©jĂ  lire et Ă©crire.

Lorsqu’il s’est inscrit Ă  l’Ateneo Municipal de Manila (aujourd’hui appelĂ© UniversitĂ© Ateneo De Manila), il a supprimĂ© les trois derniers noms de son nom complet, sur les conseils de son frère – d’oĂą son nom de JosĂ© Protasio Rizal. Ses rĂ©sultats scolaires sont exceptionnels : il remporte plusieurs concours de poĂ©sie, impressionne ses professeurs par sa connaissance du castillan et d’autres langues Ă©trangères, et rĂ©dige des essais littĂ©raires qui critiquent les rĂ©cits historiques espagnols sur les sociĂ©tĂ©s philippines prĂ©coloniales.

Un homme aux multiples professions

S’il a d’abord obtenu un diplĂ´me de gĂ©omètre et d’assesseur Ă  l’Ateneo, Rizal a Ă©galement suivi un cours prĂ©paratoire de droit Ă  l’universitĂ© de Santo Tomas (UST). Mais lorsqu’il apprend que sa mère devient aveugle, il dĂ©cide de s’inscrire Ă  l’Ă©cole de mĂ©decine de l’UST et se spĂ©cialise ensuite en ophtalmologie. En mai 1882, il dĂ©cide de se rendre Ă  Madrid, en Espagne, et obtient sa licence de mĂ©decine Ă  l’universitĂ© centrale de Madrid.

En plus d’ĂŞtre connu comme un expert dans le domaine de la mĂ©decine, un poète et un essayiste, Rizal a fait preuve d’autres talents Ă©tonnants. Il savait peindre, dessiner et sculpter. Comme il a vĂ©cu en Europe pendant une dizaine d’annĂ©es, il est Ă©galement devenu polyglotte, c’est-Ă -dire qu’il parlait 22 langues. Outre la poĂ©sie et l’Ă©criture crĂ©ative, Rizal possĂ©dait divers degrĂ©s d’expertise en architecture, sociologie, anthropologie, escrime, arts martiaux et Ă©conomie, pour n’en citer que quelques-uns.

Ses romans ont éveillé le nationalisme philippin

Rizal s’Ă©tait beaucoup exprimĂ© contre le gouvernement espagnol, mais de manière pacifique et progressive. Pour lui, “la plume Ă©tait plus puissante que l’Ă©pĂ©e”. Et Ă  travers ses Ă©crits, il a dĂ©noncĂ© la corruption et les mĂ©faits des fonctionnaires du gouvernement ainsi que des frères espagnols.

Pendant son sĂ©jour Ă  Barcelone, Rizal a Ă©crit des essais, des poèmes, des allĂ©gories et des Ă©ditoriaux pour le journal espagnol La Solidaridad. La plupart de ses Ă©crits, tant dans ses essais que dans ses Ă©ditoriaux, portent sur les droits et la libertĂ© individuels, en particulier pour le peuple philippin. Dans le cadre de ses rĂ©formes, il a mĂŞme demandĂ© Ă  ce que les Philippines deviennent une province de l’Espagne.

Mais, parmi ses meilleures Ĺ“uvres, deux romans se distinguent des autres – Noli Me Tángere (Ne me touche pas) et El Filibusterismo (Le règne de la cupiditĂ©).

Dans ces deux romans, Rizal critiquait sĂ©vèrement la domination coloniale espagnole dans le pays et exposait les maux de la sociĂ©tĂ© philippine de l’Ă©poque. Et parce qu’il a Ă©crit sur les injustices et les brutalitĂ©s des Espagnols dans le pays, les autoritĂ©s ont interdit aux Philippins de lire ces livres controversĂ©s. Pour autant, elles n’ont pas rĂ©ussi Ă  l’interdire complètement. Plus les Philippins lisaient ces livres, plus leurs yeux s’ouvraient sur la vĂ©ritĂ©, Ă  savoir qu’ils subissaient des abus indescriptibles de la part de ceux qui ont envahi les Philippines quelques siècles plus tĂ´t. Ces deux romans de Rizal, considĂ©rĂ©s aujourd’hui comme ses chefs-d’Ĺ“uvre littĂ©raires, auraient indirectement dĂ©clenchĂ© la rĂ©volution philippine de 1896 qui aboutira après plus de 300 ans de colonisation espagnole, Ă  l’indĂ©pendance des Philippines et la proclamation de la 1ère RĂ©publique.

Arrestation et exécution de Rizal

Ă€ son retour aux Philippines, Rizal a formĂ© une organisation progressiste appelĂ©e La Liga Filipina. Ce mouvement civique prĂ©conisait des rĂ©formes sociales par des moyens lĂ©gaux. Rizal est dĂ©sormais considĂ©rĂ© comme une menace encore plus grande par les autoritĂ©s espagnoles (en plus de ses romans et de ses essais), ce qui le conduit finalement Ă  s’exiler Ă  Dapitan, dans le nord de Mindanao.

Cela ne l’a toutefois pas empĂŞchĂ© de poursuivre ses projets de rĂ©forme. Ă€ Dapitan, Rizal a construit une Ă©cole, un hĂ´pital et un système d’approvisionnement en eau. Il a Ă©galement enseignĂ© l’agriculture et travaillĂ© sur des projets agricoles tels que l’utilisation de l’abaca pour fabriquer des cordes.

En 1896, Rizal a obtenu un congĂ© du gouverneur gĂ©nĂ©ral Blanco, qui s’Ă©tait portĂ© volontaire pour se rendre Ă  Cuba afin de soigner les victimes de la fièvre jaune. Mais Ă  cette Ă©poque, le Katipunan est en pleine rĂ©volution et Rizal est accusĂ© d’ĂŞtre associĂ© Ă  cette sociĂ©tĂ© militante secrète. En route pour Cuba, il est arrĂŞtĂ© Ă  Barcelone et renvoyĂ© Ă  Manille pour ĂŞtre jugĂ© devant la cour martiale. AccusĂ© de sĂ©dition, de conspiration et de rĂ©bellion, il est condamnĂ© Ă  mort par peloton d’exĂ©cution.

Quelques jours avant son exĂ©cution, Rizal a fait ses adieux Ă  sa patrie et Ă  ses compatriotes dans l’une de ses dernières lettres, intitulĂ©e Mi Ăşltimo adiĂłs ou Mon dernier adieu. Le Dr JosĂ© Rizal a Ă©tĂ© exĂ©cutĂ© le matin du 30 dĂ©cembre 1896, dans ce qui s’appelait alors Bagumbayan (aujourd’hui Luneta). Lorsqu’il a entendu l’ordre de l’abattre, il a fait face Ă  l’escouade et a prononcĂ© son dernier mot : “Consummatum est” (C’est fini). Selon les rĂ©cits historiques, une seule balle a mis fin Ă  la vie du martyr et hĂ©ros philippin.

Son héritage perdure

Après sa mort, la rĂ©volution philippine s’est poursuivie jusqu’en 1898. Et avec l’aide des États-Unis, les Philippines ont dĂ©clarĂ© leur indĂ©pendance de l’Espagne le 12 juin 1898. C’est Ă  cette date que le drapeau philippin a Ă©tĂ© agitĂ© dans la rĂ©sidence du gĂ©nĂ©ral Emilio Aguinaldo Ă  Kawit, Cavite.

Aujourd’hui, le peuple philippin se souvient de l’intelligence, de la compassion, du courage et du patriotisme du Dr Rizal et les reconnaĂ®t. Ses deux romans sont continuellement analysĂ©s par les Ă©tudiants et les professionnels.

Les collèges et les universitĂ©s des Philippines exigent mĂŞme de leurs Ă©tudiants qu’ils suivent une matière centrĂ©e sur la vie et l’Ĺ“uvre de Rizal. Chaque annĂ©e, les Philippins cĂ©lèbrent la JournĂ©e Rizal – le 30 dĂ©cembre de chaque annĂ©e – pour commĂ©morer sa vie et son Ĺ“uvre. Les Philippins se souviennent que la fondation de La Liga Filipina et ses deux romans ont eu un effet sur les dĂ©buts de la rĂ©volution philippine. Le peuple reconnaĂ®t Ă©galement son plaidoyer en faveur de la libertĂ© par des moyens pacifiques plutĂ´t que par une rĂ©volution violente.

En l’honneur de Rizal, on trouve des mĂ©moriaux et des statues du hĂ©ros national non seulement aux Philippines, mais aussi dans certaines villes du monde. Une route dans le quartier de Chanakyapuri Ă  New Delhi (Inde) et Ă  Medan, en IndonĂ©sie, porte son nom. Le pont JosĂ© Rizal et le parc Rizal de la ville de Seattle sont Ă©galement dĂ©diĂ©s au hĂ©ros disparu. Et Ă  Paris Ă©videmment : la Place JosĂ© Rizal, rue de Maubeuge dans le 9e arrondissement.

Visitez le Fort Santiago, citadelle historique accueillant un musée à la mémoire du héros national José Rizal et emplacement de la prison de ce dernier.

Aux Philippines, des rues, des villes, une universitĂ© (Rizal University) et une province portent son nom. Trois espèces ont Ă©galement Ă©tĂ© baptisĂ©es du nom de Rizal : le Draco rizali (un petit lĂ©zard, connu sous le nom de dragon volant), l’Apogania rizali (une espèce très rare de colĂ©optère Ă  cinq cornes) et le Rhacophorus rizali (une espèce particulière de grenouille).

A visiter Ă  Manille pour l’histoire de Jose Rizal et son influence dans la culture philippine :

  1. le Fort Santiago, qui abrite un musée à la gloire de Jose Rizal, dans son ancienne cellule de prison : vous y retrouverez des objets personnels et ses dernières années de vie avant son exécution vous seront contées
  2. pour commĂ©morer ce qu’il a fait pour le pays, les Philippines lui ont construit un parc commĂ©moratif, appelĂ© aujourd’hui Rizal Park, situĂ© Ă  Manille. On y trouve le Rizal Monument contenant une sculpture en bronze de Rizal, un obĂ©lisque et une base en pierre censĂ©e contenir ses restes. Le monument se trouve près de l’endroit oĂą il est tombĂ© lors de son exĂ©cution Ă  Luneta.

 

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micheline
1 année il y a

BONJOUR J AI EN MAIN UN BILLET DE REPUBLIKA NG PILIPINAS DE LA BANGKO SENTRAL DATANT DE 1898 AVEC LA PHOTO DE JOSE RIZAL ACVEC LE NUMÉRO DU BILLET RY195292 ET CA FAIT LONGTEMPS QUE JE L AI ET EST EN TRES BONNE ÉTAT COMME NEUF JE VEUX SAVOIR COMBIEN VAUT TIL AUJOURDHUI ,SI VOUS ME RÉPONDEZ J AIMERAIS EN FRANCAIS SVP

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